« […] les pierres enfin, elles aussi soumises à l’entropie, à la transformation, à la mutation, à la métamorphose, mais cette fois-ci plus proches encore des longues durées de l’éternel retour, en regard de cycles géologiques : ce qui anime l’éphémère qui meurt le soir du jour qui a vu sa naissance est semblable à ce qui anime la croûte terrestre : ces lacs géologiques un jour en fusion se sont durcis plus tard après pressions diverses et coulures singulières : quartz, gypses, schistes, granites disposent d’entités séparées parce qu’ils ont une généalogie, une enfance, une adolescence, un temps adulte et une scénescence différents… Du magma orange en fusion jadis sans oeil humain pour le voir à la poudre de sable dans laquelle scintille la lumière que je regarde dans mes mains au bord du lac, il y a le trajet d’une vie de pierre. »
Michel ONFRAY, « Les Avalanches de Sils-Maria. Géologie de Frédéric Nietzsche », Gallimard, 2019, page 46.
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